La dimension spirituelle des relations transnationales
Le Maroc et l’Afrique subsaharienne
Résumé en Français
La dimension spirituelle des relations transnationales n’a été intégrée dans la réflexion sur les relations Internationales, de manière partielle, qu’au début des années quatre-vingt-dix. Il aura fallu que l’échiquier politique, économique, sécuritaire, et diplomatique soit secoué par la prolifération de mouvements transnationaux d’origines diverses pour que l’on assiste à l’apparition d’un intérêt relatif pour cet aspect diffus des rapports internationaux, qui avait, curieusement, échappé, pendant longtemps, à la vigilance des États et à l’intérêt des spécialistes de la théorie des relations internationales.
Cet essai ambitionne de répondre, en partie, à ces nouvelles préoccupations de la société internationale. En effet, la tendance dominante regorge de contradictions qui traduisant le flottement du comportement diplomatique des acteurs étatiques, la surestimation des approches «économistes» et du rôle des autres acteurs détenteurs de la puissance financière et l’apparition d’une agitation politique démissionnaire devant les attentes sociales intra-étatiques et des impératifs imposés par les nouveaux changements affectant la structure et les processus du système international.
L’importance croissante que prend « le fait religieux » dans le système international, principalement dans le triangle afro-arabo-méditerranéen, interpelle et prête à confusion. L’incapacité des théologiens, érudits et politicologues musulmans à organiser le processus de défense existentielle -alliant riposte, argumentation et dialogue- a aggravé l’ampleur des fausses perceptions de part et d’autre.
Toutefois, les organisations les plus mises à l’index sont les organisations islamiques. La phobie qui s’est emparée de la conscience occidentale a été renforcée par l’incapacité de certains pays, théâtre de la mainmise de la mouvance islamique sur la scène politique, à réaliser ou à reconstituer la cohésion sociale. Mieux, la multiplication des mouvements religieux dans la plupart des pays islamiques est doublée d’une confusion flagrante dans la définition de l’Islam politique, du fondamentalisme, etc. De même, la délimitation du champ du fourmillement de groupuscules ou de mouvements islamiques brouille les cartes : comment faire la distinction entre une revendication purement locale à caractère social et celle qui prend une allure transnationale alliant politique sécuritaire et idéologique dogmatique ?
Sans avoir la prétention de résoudre la problématique de l’interdépendance entre les dimensions religieuse et politique au niveau transnational, ce livre se veut une contribution toute relative à l’intelligibilité des rapports complexes « à dominante spirituelle » dans l’espace maroco-subsaharien à partir des confréries religieuses en tant qu’unité d’analyse.
La dimension spirituelle des relations transnationales
Le Maroc et l’Afrique subsaharienne
Abstract in English
The spiritual dimension of transnational relations was only partially integrated into the reflection on international relations in the early nineties. Indeed, the proliferation of transnational movements of various origins has, for a long time, been understated by states and the interest of experts in the theory of international relations.
This essay aims to respond to the new concerns of international society. A trend full of contradictions is widely observed. It reflects the fluctuation of the diplomatic behavior of state actors, combined with the overestimation of "economist" approaches and the role of other actors holding financial power. By the same token, the emergence of a political agitation has sparkled in the face of intra-state social expectations and the imperatives imposed by the new changes affecting the structure and processes of the international system.
The growing importance of "religion" in the international system, especially in the Afro-Arab-Mediterranean triangle, is challenging and confusing. The inability of Muslim theologians, scholars, and political scientists to organize the process of their societies’ existential defense—combining riposte, argumentation, and dialogue—has aggravated the extent of false perceptions on both sides in the West and in the Muslim World.
However, the most blacklisted organizations are Islamic organizations. The phobia that has gripped Western consciousness has been reinforced by the inability of certain countries to achieve or reconstitute social cohesion. The proliferation of religious movements in most Islamic countries is coupled with a flagrant confusion in the definition of political Islam, fundamentalism, religious extremism, etc. Similarly, the delimitation of the field of the swarm of small groups or Islamic movements muddies the waters: how can we distinguish between a purely local demand of a social nature and one that takes on a transnational aspect combining security policy and dogmatic ideology?
Without pretending to resolve the problem of the interdependence between the religious and political dimensions at the transnational level, this book is intended to be a relative contribution to the intelligibility of complex "predominantly spiritual" relationships in the Moroccan-sub-Saharan space based on religious brotherhoods as a unit of analysis.
Le système international connait des transformations profondes. Il fait l’objet de coupures
épistémologiques quasi-régulières au grand dam des partisans des paradigmes sacralisés depuis
des décennies tels que le réalisme, le néoréalisme, le transnationalisme, le structuralisme, le
culturalisme et le multilatéralisme. L’entrée en lice d’acteurs non-étatiques, dont des mouvances
libellées extrémistes ou terroristes, ajoute à la confusion des chercheurs et des lecteurs.
The international system is undergoing profound transformations. It is subject to almost regular
epistemological cuts. These transformations give hard time much to the supporters of paradigms
that have been highlighted for decades, such as realism, neorealism, transnationalism,
structuralism, culturalism, and multilateralism. The entry of non-state actors, including extremist
or terrorist movements, adds to the confusion of researchers and readers alike.